Interview croisée : Richard Hemming et Mason Ng
A quelques jours de Vinexpo Singapour qui se déroulera le 23 mai, Vintage a rencontré Mason Ng, élu Meilleur Sommelier d’Asie à Tokyo l’an passé, chef œnologue du Park 90 et Richard Hemming, journaliste et Master of Wine qui déploie aujourd’hui ses talents au club privé 67 Pall Mall. Ces deux éminentes figures du monde du vin à Singapour racontent leur parcours et ce que représentent pour eux les Grands Crus de Bordeaux.
Quelle est votre histoire personnelle avec le vin ?
Richard Hemming : Je ne viens pas vraiment d’une famille de connaisseurs, même si mon père buvait occasionnellement du vin. Après l’université, je cherchais un boulot et j’ai commencé à travailler en tant que vendeur chez un caviste, totalement par hasard. Finalement je me suis pris au jeu et j’ai décidé que le vin serait ma vie. Je me suis mis à l’étudier sérieusement jusqu’à devenir journaliste spécialisé. En 2015 je suis devenu Master of Wine, et depuis 2019 je vis à Singapour où je suis responsable du secteur Asie pour le club privé 67 Pall Mall.
Mason Ng : J’ai commencé à m’intéresser au vin quand j’avais une quinzaine d'années. A l’époque je vivais en Malaisie dont je suis originaire. A l’origine, je devais étudier la comptabilité et la finance mais j’ai préféré étudier le vin ! J’ai passé mon diplôme de sommelier et j’ai commencé à travailler dans différents établissements à Singapour notamment le restaurant triplement étoilé « Les Amis ». Cela fait désormais 4 ans, que je travaille au Park 90 où je suis chef sommelier.
Quel rôle a joué Bordeaux dans votre formation ?
RH : Une partie importante. Bordeaux est essentiel si vous voulez comprendre l’histoire des vins. C’est une référence et c’est très primordial d’apprendre à distinguer les différentes appellations et millésimes lors de vos études. Et puis, en tant que jeune sommelier, vous avez envie de goûter ces grands vins de Bordeaux dont vous avez tant entendu parler.
MN : Pour moi aussi, un grand rôle. Les premiers vins que j’ai bus étaient des Bordeaux, car mon oncle est un immense amateur. Il m’a fait goûter de nombreuses bouteilles de Grands Crus Classés, des seconds aux cinquièmes crus. J’ai de grands souvenirs de bouteilles de Carmes Haut-Brion que j’ai bues avec mon oncle. Plus tard, les premières bouteilles que j’ai achetées étaient des Duhart-Milon.
Avez-vous eu l’occasion d’aller à Bordeaux ?
MN : Jamais, mais j’aimerais y aller et pouvoir visiter tous les domaines. Je dois juste trouver le moment opportun.
RH : J’ai eu l’occasion d’y aller pour La Semaine des Primeurs du Millésime 2011. J'en garde un souvenir marquant !
Quelle est la popularité des Grands vins de Bordeaux à Singapour ?
MN : Quand je travaillais au restaurant Les Amis, sur 10 bouteilles ouvertes, 6 étaient des Bordeaux. J’ai débouché énormément de Grands Crus de Bordeaux dans ma carrière ! Tous les jours, je servais une bouteille de Petrus ou d’Yquem. C’était un grand plaisir ! Pour revenir à la question, je dirais qu’à Singapour, les grands vins de Bordeaux ont été très populaires, puis ont perdu du terrain au profit des vins de Bourgogne. Désormais, Bordeaux a à nouveau le vent en poupe et au 90 Park, nous vendons énormément de Grands Crus de Bordeaux.
RH : En termes de popularité et de prestige, Bordeaux et Bourgogne sont au coude à coude à Singapour. Les Grands Crus de Bordeaux sont très populaires. Au 67 Pall Mall, nous proposons toujours à nos membres plusieurs millésimes d'un grand nombre de propriétés.
Vous avez un souvenir marquant de dégustation ?
RH : Celui qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est la dégustation d’un Pontet Canet 2010 pendant la pandémie. Le club était alors fermé mais nous organisions des webinaires pour nos membres. Chaque semaine, je sélectionnais un vin et nous envoyions les bouteilles aux membres. Un dimanche soir, environ 50 membres de 67 Pall Mall ont ouvert cette bouteille depuis chez eux et ont pu partager leurs sensations sur ce millésime de Pontet Canet. Pendant une heure, nous avons passé du temps avec ce vin et nous l’avons vu évoluer. C’était fabuleux. C’est un vin merveilleux.
MN : Il n’y pas longtemps, j’ai commandé au restaurant une bouteille de Duhart Milon 1970, c’était comme revenir à mes premières amours, ça m’a rappelé pourquoi j’avais choisi de travailler dans le vin !
Arthur Jeanne
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