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Rencontre avec Damien Sartorius, Château Léoville Barton
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Rencontre avec Damien Sartorius, Château Léoville Barton

Depuis 15 ans, aucun vin de Bordeaux n’avait été élu vin de l’année par le magazine américain Wine Spectator. En 2019, Léoville Barton 2016 vient de remporter ce titre prestigieux mettant la lumière sur une appellation majeure des vins de Bordeaux. L’occasion de faire le point avec Damien Sartorius du Château Léoville Barton.

Pour vous, que représente l’appellation Saint-Julien ?

En trois mots l’appellation Saint-Julien représente pour moi l'homogénéité, l’élégance et la fraicheur. Chaque saint-julien que j’ai pu boire dans ma vie valide ces trois mots. Il fait aussi bon vivre à Saint-Julien, c’est une petite appellation dont la majorité des châteaux appartient à des familles et cela se ressent au quotidien.

Quelle est sa spécificité pédologique ?

À Saint-Julien, ce sont les graves ! Plusieurs périodes glaciaires différentes déposent depuis 1 800 000 années une multitude de minéraux différents. Ces derniers sont répartis sur deux jolis plateaux séparés par une combe juste au bas du Château Langoa Barton. Mais Saint-Julien ce n’est pas uniquement de la grave, c’est aussi de l’argile en sous-sol, juste au bon niveau, pour atteindre le juste milieu de maturité et de stress hydrique pour les cabernets-sauvignons. De plus, l’estuaire de la Gironde, tout proche, protège les vignes des chocs climatiques.

Saint-Julien est une des plus petites appellations du Médoc. Est-ce un inconvénient ? Ou un avantage ?

Petit c’est bien ! Pour plein de raisons. Pour les décisions, cela facilite grandement les choses. Nous sommes une quinzaine autour de la table pour nos réunions de l’appellation. Nous étions ainsi les premiers à mettre en place la confusion sexuelle sur l’ensemble de l’appellation, à limiter par observation les traitements de la flavescence dorée aux seules parcelles affectées, à avoir notre propre station de traitements des effluents vinicoles en GEA…
Le volume étant partie intégrante de la notoriété, nous ne sommes pas aussi connus que nos appellations voisines, mais j’aime à croire que l'homogénéité de qualité l’emportera sur le long terme !

À Léoville Barton, comment essayez-vous de retranscrire le terroir ?

À Léoville Barton, ce sont les cabernets-sauvignons plantés sur graves qui parlent. Ils sont tendus, sérieux, avec une précision infinie, un tanin tout aussi fin et long. C’est de la dentelle complétée par quelques merlots plantés plus bas sur les plateaux apportant une texture charnue aux cabernets-sauvignons. Nous n’avons pas de petit verdot.
Nous réalisons un travail en cuvaison très classique et raisonnable en nombre de remontage. Quand le terroir est grand et la maturité juste, il n’y a (presque) rien à faire. Pas d’originalité nécessaire.

En quelques mots, comment doit s’apprécier un saint-julien ?

Saint-Julien dans sa délicatesse reste polyvalent par sa densité. Seul sur des millésimes plus délicats ou avec des plats très puissants sur des millésimes plus costaux, le saint-julien s’adapte. Mais ce qui est certain, c’est qu’un saint-julien, comme tout grand vin, se partage.

Damien et Mélanie Sartorius ©Nicolas Claris
Lilian Barton Sartorius - ©Guy Charneau

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