Maximilian Riedel : Notre histoire est intimement liée aux grands vins de Bordeaux
Dans le domaine de la verrerie, Riedel est synonyme d’excellence et d’innovation. La marque autrichienne a été la première à produire des verres spécifiquement conçus pour boire des grands vins dans les conditions optimales. Rencontre avec Maximilian Riedel, amoureux de Grands Crus de Bordeaux et Président de cette affaire familiale qui dure depuis 265 ans.
Pouvez-nous en dire plus sur Riedel, son histoire et son savoir-faire ?
Riedel est une entreprise familiale qui a été transmise de père en fils depuis 265 ans. Nous sommes verriers depuis 1756, je suis le 11ème héritier de cette tradition. Mon grand-père Klaus Riedel a imaginé en 1957 l’ancêtre du verre de vin moderne (il montre devant l’écran le verre en question). A l’époque, ce verre à pied en forme d’œuf, à paroi mince et sans ornements était une révolution. Jusqu’alors, on avait tendance à boire le vin dans des verres lourds, ornés et taillés. Mon grand-père en tant que designer affilié au courant Bauhaus et à sa philosophie, Less is more, avait compris que la forme devait suivre la fonctionnalité. C’était un pionnier, il a été le premier à dire que le contenu était plus important que le verre. Et qu’il fallait justement créer un verre permettant au contenu de s’exprimer au mieux. Ensuite il a commencé à travailler en collaboration avec les sommeliers pour créer différents verres aux caractéristiques adaptées à la consommation de vin blanc, de vin rouge, de liquoreux ou de champagne
Votre père Georg, s’est inscrit dans sa continuité ?
Oui. Mon père Georg Riedel a été plus loin. Il s’est dit que l’on pouvait faire encore mieux, que la seule manière de nous améliorer était de travailler avec les gens qui font pousser les fruits et connaissent le vin mieux que quiconque : les viticulteurs. Il a réalisé qu’il y avait tant de différences entre un Pinot Noir de Bourgogne et un Cabernet girondin que nous ne pouvions pas les boire dans les mêmes verres. Il a été étudier la culture vin et s’est entouré des meilleurs sommeliers bordelais pour imaginer des verres différents pour chaque cépage.
"Il faut concevoir les produits avec passion, et les penser comme des cadeaux : les viticulteurs de Bordeaux font du vin parce qu’ils l’aiment."
La forme du verre est-elle vraiment importante ?
Absolument. Chaque cépage a un ADN. Le Cabernet par exemple a une peau épaisse, beaucoup de tannins. Il faut donc le déguster dans un verre qui adoucit les tanins et se concentre sur la minéralité et le fruit. Chaque cépage a besoin d’un contenant différent et adapté pour s’exprimer. Nos verres sont pensés pour cela.
Quand on est à la tête d’une marque qui a 265 ans, comment fait-on pour trouver un équilibre entre Histoire et Modernité ?
La partie traditionnelle est importante, mais si nous travaillions aujourd’hui comme le faisait mon grand-père, nous serions en banqueroute ! Notre histoire est un socle immuable. Nous en avons besoin pour construire notre futur mais ça n’est pas notre futur. Il faut évoluer avec son époque. Les verres que nous faisions il y a 20 ans ne seraient plus adaptés aujourd’hui car les vins étaient très différents à l’époque. Nous nous améliorons en même temps que la connaissance du vin progresse. Et nous nous adaptons aux tendances de la viticulture pour proposer à nos clients la meilleure expérience possible.
Qu’est ce qui fait selon vous le succès de Riedel aujourd’hui, quelle est votre philosophie ?
Nous sommes des verriers. Mais nous sommes des verriers qui aimons passionnément le vin et qui travaillons en étroite collaboration avec les sommeliers dans un souci d’excellence. Je pense que la raison de notre succès est dû à notre passion du vin. Nous ne faisons pas de vin, mais nous faisons des verres modernes et innovants pour le déguster dans les meilleures conditions. D’une manière moderne. On peut boire du vin dans n’importe quel verre, mais selon moi le vin est un objet si spécial et précieux qu’il doit être consommé de manière élégante.
Quelle relation entretenez-vous avec Les Grands Crus de Bordeaux ?
Bordeaux et Riedel ont une longue histoire en commun, j’ai eu l’occasion de rencontrer entre 5 et 10 présidents de l’Union des Grands Crus. J’ai le souvenir de diners et de dégustations mémorables avec Olivier Bernard à New York. Je garde aussi un souvenir ému d’un diner fabuleux au Château Figeac quand j’avais 18 ans, ou de vendanges à Pomerol avec Christian et Edouard Moueix en 1997.
Est-il possible de comparer la fabrication d’un verre Riedel et d’un Grand Cru de Bordeaux ?
J’aime les Grands Vins de Bordeaux, je suis collectionneur. J’ouvre avec plaisir des vieux millésimes, des vins qui datent parfois des années 30, 40 ou 50. Je peux vous dire que ces vins sont tout aussi merveilleux aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a 70 ans. Ils vieillissent très bien. C’est la même chose pour les verres Riedel, ils sont durables et ont une longue vie dès lors que l’on en prend soin. Le secret dans les deux cas, c’est une certaine idée de l’excellence. Il faut concevoir les produits avec passion, et les penser comme des cadeaux : les viticulteurs de Bordeaux font du vin parce qu’ils l’aiment. Si ça n’est pas assez bon pour eux, cela ne le sera pas pour ceux qui vont le boire. Nous avons la même philosophie avec nos verres.