« Les Coréens sont très friands de Grands Crus de Bordeaux »

Bonjour Yanis, qu’est-ce qui vous a amené à devenir Sommelier en Corée du Sud ? Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours et vos responsabilités actuelles.

L'histoire commence en 2011. À l’époque, j’ai 21 ans et je suis Chef Sommelier du Restaurant Claude à Sydney. Je vis en colocation avec des Coréens mais je ne connais pas grand-chose à leur pays à part peut-être les frigos LG et les télés Samsung (rires). En y allant en vacances, j’ai immédiatement accroché avec la Corée du Sud et je n’en suis jamais parti ! J’ai commencé comme Sommelier dans un petit bar à vin. Puis j’ai travaillé dans plusieurs établissements gastronomiques de Séoul, notamment L’Impression qui proposait une cuisine française avec des produits coréens. Enfin, l’an dernier, j’ai rejoint Evett, deux étoiles au Guide Michelin. Le discours du Chef et de l’investisseur m’a convaincu.

Celui-ci m’a dit : “je vais faire quelque chose de grand. J'ai besoin de toi. Aujourd’hui, on a 200 références de vins français sur la carte. Dès que tu arrives, on en sera à plus de 2000”. Il a su me convaincre (sourires) ! Désormais notre carte des vins compte 2500 références et beaucoup de flacons extraordinaires, notamment en ce qui concerne les Grands Crus de Bordeaux.

Vous avez aussi une chaine Youtube, très suivie par les Coréens, comment expliquer ce succès ?

Quand je suis arrivé en Corée, le métier de Sommelier n’existait pas vraiment... Pour obtenir un visa de travail, c’était compliqué ! Depuis, la culture vin s’est vraiment développée, notamment depuis le Covid. Les Coréens ont un côté un peu “geek”, quand ils se mettent à quelque chose, ils s’y mettent à fond et s’en donnent les moyens. De plus en plus de personnes se forment, suivent des influenceurs, regardent des vidéos... Sur ma chaîne Youtube (www.youtube.com/@wine__story), je diffuse une vidéo tous les jeudis à 18 heures et les Coréens sont friands de mes conseils. Nous en sommes déjà au 112ème épisode. D’ailleurs, beaucoup de clients du Restaurant veulent tester ma proposition d’accords mets et vins, parce qu’ils sont fans de la chaîne. Je leur explique que mon rôle en tant que Sommelier dans un restaurant gastronomique, est de complémenter la nourriture, trouver un cadre parfait pour accompagner la structure, la texture du plat et révéler ses arômes.

Vous proposez des accords mets et vins avec les Grands Crus de Bordeaux ?

A L’impression, le plat signature était une langoustine au sabayon que l’on servait avec un Château d’Yquem. Chez Evett, j’aimerais proposer certains Grands Crus de Bordeaux en accord, j’y travaille actuellement. Je réfléchis notamment à un accord avec le Château La Conseillante.

Les Coréens sont friands de grands vins ?

Absolument. Ils aiment les grands vins, dont certains italiens, notamment Sassicaia. Ils sont aussi très Napa Valley : Opus One, Screaming Eagle... Et, bien entendu, ils adorent les vins français, notamment les Grands Crus de Bordeaux. Ce qui tombe bien, puisque je suis très Bordeaux (rires) !

D'où vient votre amour des Grands Crus de Bordeaux ?

Je suis originaire de Limoges, ce n’est pas très loin de Bordeaux. Je suis né en 1989, qui est est un Millésime exceptionnel. J’ai eu l’occasion de goûter un Château l’Évangile 1989 quand j’étais jeune Sommelier en Australie, c’était extraordinaire. Quand on a 20 ans et que l’on peut goûter ce grand Pomerol à 20 000 kilomètres de chez soi, il y a un effet waouh ! Je suis vraiment un immense amateur de Bordeaux, notamment de Saint-Emilion et Pomerol. Je conseille pour fêter des événements spéciaux sont toujours des grands Bordeaux : Château Pavie, Château Angélus, Domaine de Chevalier. J’ai vraiment de la chance parce que chez Evett, j’ai une cave absolument incroyable. Récemment j’ai pu goûter un Cheval Blanc 1989. J’ai 17 millésimes de Château Yquem, de très vieux Château Latour et même des bouteilles de Cheval Blanc 1939 ! Merci Bordeaux (rires) !