La tonnellerie : un artisanat Grand Cru

“L’arbre, le tonnelier et le vin, mémoires d’un savoir-faire”. Voici le nom complet du film disponible sur youtube, produit par la fédération française des tonneliers, qui raconte la difficulté et la beauté de ce métier. L’objectif est de valoriser le travail de ces artisans, dont le savoir-faire dans la fabrication des barriques sublime le travail des vignerons. Il s’agit également de rendre hommage aux pionniers de l’industrie qui, dans les années 80, sont partis conquérir le marché américain, porteurs de l’expertise française.

Explications de François Witasse, Président du syndicat des Maîtres tonneliers du Sud-Ouest : « avant l’explosion de la Napa Valley, les tonneliers avaient tendance à travailler dans leur garage. Parfois le tonnelier, c’était aussi le mauvais fils de la famille. Le bon avait les vignes et le moins bon avait la tonnellerie. Tout d’un coup, la tonnellerie s’est structurée avec des marques, des clients et des exports. C’est à cette génération de pionniers que le film a voulu donner la parole. C’est très positif de reparler de l’ancienne génération pour retrouver dans nos racines des sources d’inspiration et de rebond pour le futur ». Cet héritage vient des entreprises familiales qui ont prospéré, en gagnant la reconnaissance de toute une filière française. Aujourd’hui, 850 000 barriques sont produites chaque année dans le monde. Parmi celles-ci, près de 650 000 le sont dans l’Hexagone.

Pourquoi le savoir-faire des tonneliers français est-il reconnu dans le monde entier ? François Witasse qui préside également la tonnellerie Demptos, créée en 1825 à Saint-Caprais-de-Bordeaux, tente d’éclairer nos lanternes : « Les tonneliers français utilisent presque exclusivement du bois provenant d’arbres français âgés d’environ 200 ans, reconnus pour leur porosité et leur finesse. Nous avons la chance de disposer de cette matière première exceptionnelle, alliée à une tradition ancestrale, ce qui nous confère une réputation de référence mondiale ».

La transformation de bois en barrique est une étape cruciale, car, au fil des années, le fût est devenu un véritable outil œnologique. C’est pourquoi les tonneliers collaborent étroitement avec les domaines viticoles pour magnifier leurs vins : « Nous nous intéressons au grain, aux tanins, et au profil aromatique du chêne. Le côté technique du produit a progressivement pris de l’importance ».  Un travail de haute précision qui est demeuré artisanal malgré l’apparition des machines au service de la qualité : « Nous nous intéressons au grain, aux tanins, et au profil aromatique du chêne. Le côté technique du produit a progressivement pris de l’importance ».

Pénétrer dans une tonnellerie est une expérience sensorielle à part. C’est un moment presque charnel avec le bruit assourdissant des lourds marteaux sur les cerclages de fers, les tonneliers qui jouent avec le feu lors de la chauffe du bois pour permettre la révélation des composés aromatiques du chêne. Difficile de ne pas être convaincu que pour faire un grand vin, il faut un grand fût. François Witasse lui en a la certitude : “si l’on considère que la qualité d’un vin est liée à sa densité, à sa complexité, à sa résistance, au temps et à l’oxygène. Alors, on ne peut pas faire un grand vin sans grande barrique”.