Daniel Cathiard, du ski aux Grands Crus de Bordeaux.
Comme il le dit souvent, Daniel Cathiard a eu 36 vies. Avant d’être à la tête du Château Smith Haut Lafitte, il a notamment été membre de l’équipe de France de ski alpin et a participé, à sa manière, aux Jeux Olympiques de Grenoble en 1968. Entretien tout schuss avec une personnalité incontournable des Grands Crus de Bordeaux.
Bonjour M. Cathiard, la légende veut que vous ayez participé aux Jeux Olympiques, qu’en est-il réellement ?
Je n’ai pas participé aux Jeux de Grenoble en 1968 en tant qu’athlète. A l’époque, je venais d’arrêter ma carrière de skieur professionnel et n’étais plus membre de l’équipe de France. Mon père, qui avait lancé une affaire de magasins, est tombé malade et j’ai dû prendre sa suite en 1967. Les Jeux Olympiques ont été l’heure du grand choix, j’ai décidé d’arrêter le sport et de me lancer dans les affaires.
En parallèle de cette nouvelle activité professionnelle, j’entrainais l’équipe iranienne de ski alpin. J’ai ainsi pu participer à la cérémonie d’ouverture sous les yeux du Général de Gaulle !
J’avais à cœur de profiter des Jeux pour encourager mes amis de l’équipe de France : Jean-Claude Killy et Guy Périllat.
Quels souvenirs gardez-vous de ces Jeux Olympiques ?
Le plus beau souvenir est forcément les 3 médailles d’or de mon ami Jean-Claude Killy ! Pour la petite histoire, il a d’ailleurs remporté le slalom spécial avec mon pull-over gris de l’équipe de France universitaire (rires) ! Nous sommes toujours de très bons amis, il est venu plusieurs fois à Smith Haut Lafitte.
Quels moments mémorables gardez-vous de votre vie de skieur ?
Que des moments inoubliables ! Le ski m’a permis de rencontrer ma femme. Quand j’étais au Grenoble Université Club, j’ai vu arriver des Alpes du Sud, une fille superbe qui s’appelait Florence Richard. Je suis tombé follement amoureux d’elle ; je suis même entré en Équipe de France pour elle. Nous sommes mariés depuis plus de 50 ans !
Si j’ai fait du ski au départ, c’est parce que je suis de Grenoble et que j’ai grandi au pied des montagnes. C’était un loisir, je ne voulais pas nécessairement en faire toute ma carrière. On peut dire que j’ai eu 36 vies (rires) !
Justement, comment passe-t-on de l’équipe de France de ski alpin aux Grands Crus de Bordeaux ?
Quand j’ai repris les supérettes Genty de mon père, nous vendions beaucoup de vins. C’était une tradition familiale puisque mon grand-père, lui même était marchand. Ma famille avait une réelle admiration pour le travail des vignerons et c’est ainsi que je suis devenu passionné.
A 45 ans, à la fin des années 1980, j’ai décidé de vendre mes entreprises dont Go Sport, je voulais faire autre chose. C’est en repensant aux moments où je circulais dans la cave de mon grand-père que j’ai décidé de me lancer dans le vin. En 1989 j’ai racheté Château Smith Haut Lafitte.
"Ma famille avait une réelle admiration pour le travail des vignerons et c’est ainsi que je suis devenu passionné de vin."
35 ans après vous êtes toujours le propriétaire. Comment définiriez-vous l’ambition et la philosophie du Château ?
L’ambition est de faire des vins en biodynamie, c’est-à-dire purs, naturels et conformes à l’idée que je me fais de l’environnement, de l’avenir et de la trace que je souhaite laisser.
Il faut aussi que nos vins soient bons, mêmes excellents (sourire) ! Nous voulons qu’ils soient singuliers.
Si on déguste un flacon de Château Smith Haut Lafitte, il faut qu’on le reconnaisse et qu’on s’en souvienne. Comme dans le sport, nous souhaitons que notre Cru soit le meilleur.
Que vous a apporté le sport ?
Le sport m’a énormément apporté surtout au niveau de l’exigence. Dans le vin comme dans le sport de haut niveau, la concurrence est rude, mondiale et il faut avoir un mental d’acier pour gagner. J’ai gardé cette philosophie en étant à la tête de Smith Haut Lafitte : je veux gagner !
"Dans le vin comme dans le sport de haut niveau, la concurrence est rude, mondiale et il faut avoir un mental d’acier pour gagner."
Suivez-vous les Jeux Olympiques de Paris 2024 ? Et en cas de belle victoire française, quelle bouteille ouvrirez-vous ?
Je les regarder à la télé, je suis tellement bien dans mon vignoble ! Pour fêter une victoire française, j’ouvrirai un 2009, parce que c’est l’année de la gloire de Smith Haut Lafitte. Cette année-là, nous avons obtenu 100 points de Robert Parker. Avec ce millésime, nous sommes rentrés dans la catégorie des « grands ». C’est un vin superbe, une très belle année…