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Carnet de Primeurs
Episode 3
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Carnet de Primeurs
Episode 3

La Semaine des Primeurs, un rituel immuable où chaque année, les professionnels du monde entier se retrouvent à Bordeaux. Pendant trois jours, l’Union des Grands Crus de Bordeaux organise, dans six Châteaux hôtes, des dégustations par appellations. Vintage vous embarque dans les coulisses de l’événement pour découvrir en avant-première le millésime 2022.

Jeudi matin, cap sur la Rive Gauche sous un soleil hésitant. A Saint-Julien, nous sommes accueillis par une créature légendaire, reconnaissable entre 1000. Un navire à proue de griffon, gardien des vins de Dionysos dans la mythologie grecque et emblème du château Beychevelle, indique aux visiteurs le chemin à suivre pour goûter les vins de Saint-Julien, Listrac-Médoc et Moulis-en-Médoc. La suite se passe sur un étage en mezzanine qui surplombe le cuvier aux façades vitrées. Par la fenêtre, on aperçoit en face, Branaire-Ducru le grand voisin. En arpentant la salle à l’écoute des bruits de couloir et des discussions entre dégustateurs, on constate que cette Semaine des Primeurs est marquée du sceau de la franche réussite. Un négociant allemand le confirme : « Cette année, j’ai décidé de me concentrer sur la rive gauche car j’adore les vins du Médoc. Le millésime est vraiment remarquable. On sent la fierté chez les propriétés, chez les viticulteurs ». Impression confirmée par le propriétaire d’un domaine de Saint-Julien : « C’est un très grand millésime pour notre appellation, on retrouve toute sa typicité. Il y a du fruit, de la longueur en bouche, de la douceur, des tannins… On n’avait pas vu cela depuis très longtemps ». Il ne reste plus qu’à reprendre la route pour aller vérifier si le son de cloche est le même à Pauillac.

© Martin Dupuy Photographie

« Le millésime est vraiment remarquable. On sent la fierté chez les propriétés, chez les viticulteurs. »

 

6 kilomètres plus loin en remontant le long de l’estuaire, voici Pauillac. Sur ses rives, le port de la ville est installé au centre géographique de l’appellation. C’est ici que le marquis de Lafayette embarqua en 1777 pour secourir le peuple américain durant la Guerre d’Indépendance. C’est ici aussi que l’on retrouve la dégustation des Grands Crus de Pauillac, Saint-Estèphe, Haut-Médoc Nord et Médoc. Pour cela, il faut se rendre à Lynch-Bages. Plus précisément dans les installations flambant neuves de la propriété. C’est dans l’immense cuvier baigné de lumière que l’on peut goûter les vins. Alors, verdict ? Comme partout à Bordeaux cette année, ils sont grands ! Très grands, si l’on en croit les dégustateurs. La preuve ? Les américains sont venus et « ils ne se déplacent que pour les très grands millésimes » s’enthousiasme un représentant. Il est désormais temps de conclure l’ultime étape d’un voyage d’exception à la rencontre du millésime 2022. Ce jeudi soir, la Semaine des Primeurs se termine. Le vignoble s’apprête à retrouver une certaine tranquillité après une semaine d’ébullition totale.

© Martin Dupuy Photographie
© Martin Dupuy Photographie

 

Jean-Charles Cazes, propriétaire du Château Lynch-Bages

Quelle est l’ambiance générale en cette fin de Semaine des Primeurs ?

Cela a été une semaine chargée, avec beaucoup de visiteurs. Nous sommes sur des niveaux de fréquentation qui sont ceux de l’époque pré-Covid avec notamment le retour des visiteurs asiatiques. Les américains ont eux aussi répondu à l’appel. C’est donc une campagne qui est très bien lancée par cette semaine. On sent également que la qualité du millésime est reconnue.

Justement quelles sont vos impressions sur ce millésime 2022 ?

 

C’est un millésime homogène à Bordeaux, la qualité est au rendez-vous pour toutes les appellations. C’est à noter et c’est important. Nous sommes donc très heureux. En ce qui concerne Pauillac, tous les vins que j’ai pu goûter sont à un niveau très élevé. Ils s’appuient sur une trame tannique et sur des cabernets qui sont exceptionnels. Le millésime est vraiment spécial puisqu’il propose à la fois la puissance, la richesse, une maturité exceptionnelle et une fraicheur assez surprenante ! Il a fait très chaud donc on pouvait s’attendre à des vins moins frais. Finalement, on est sur des équilibres qui sont tout à fait normaux au niveau de l’acidité. Cela s’explique par les nuits plus fraiches de septembre qui après des journées chaudes n’ont pas dégradé l’acidité comme cela avait pu être le cas en 2003 où les nuits avaient été très chaudes.

 

Au-delà de la découverte du nouveau millésime, la Semaine des Primeurs cela représente quoi pour vous ?

 

Un moment de convivialité et d’échanges. Les distributeurs apprécient beaucoup cette semaine parce qu’ils viennent goûter les vins mais en plus de cela, ils se retrouvent entre acteurs engagés sur des marchés différents. Ils peuvent juger de la situation internationale, du dynamisme du marché global. Au-delà de la connaissance du millésime, c’est donc un moment qui ouvre des perspectives sur le marché dans son ensemble.

 

En tant que propriétaire de châteaux, que représente pour vous le fait d’accueillir les dégustations à Lynch-Bages ?

 

Accueillir les dégustateurs à Lynch-Bages pour un millésime comme celui-ci, c’est un grand plaisir et une grande chance. Nous sommes très heureux d’accueillir nos amis et voisins de l’Union qui sont venus faire gouter leurs vins. Et puis, nous venons de ré-ouvrir après 4 ans de travaux, c’est donc aussi l’occasion de faire découvrir nos installations, notre nouveau cuvier, notre nouveau chai.

 

Arthur Jeanne

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