Carnet de Primeurs
Episode 2
La Semaine des Primeurs, un rituel immuable où chaque année, les professionnels du monde entier se retrouvent à Bordeaux. Pendant trois jours, l’Union des Grands Crus de Bordeaux organise, dans six Châteaux hôtes, des dégustations par appellations. Vintage vous embarque dans les coulisses de l’événement pour découvrir en avant-première le millésime 2022.
Mercredi matin, nous voici de retour sur les routes du millésime 2022. Cette fois à Pomerol, la plus petite appellation de l’Union des Grands Crus. Un endroit où il suffit parfois de traverser la route départementale pour saluer le Grand Cru voisin. A Pomerol, se déploie un océan de vignes parsemé de propriétés prestigieuses. C’est dans l’une d’entre elles, au Château Beauregard, que les propriétés de l’appellation ont donné rendez-vous pour cette Semaine des Primeurs. Beauregard a fait les choses en grand en déployant le tapis rouge pour accueillir les visiteurs ! Ceux-ci ont rendez-vous dans le cuvier, au pied des 22 cuves tronconiques et thermorégulées en béton brut. A 9h30, on sent poindre l’excitation chez les représentants des Châteaux avant l’arrivée des premiers visiteurs. Une fois les différents Crus analysés, décortiqués, évalués, les spécialistes confirment les premières impressions recueillies hier : 2022 s’annonce grand. Le représentant d’un des Châteaux n’avait pas trop de doute. Enthousiaste, il confie : « C’est un millésime incroyable ! Malgré le stress hydrique qui a fait baisser les volumes et la canicule de l’été, les raisins gorgés de polyphénol ont été récoltés à temps et les vins semblent avoir l’acidité nécessaire pour bien vieillir »
© Martin Dupuy Photographie
« Le mot est passé, il y a du monde, notamment beaucoup d’internationaux venus goûter ce beau millésime. Les vins ont su garder une belle fraicheur et la qualité est homogène ! »
Partout dans le vignoble bordelais, les dégustateurs fourmillent d’impatience, les représentants de Châteaux les attendent de pied ferme pour leur faire goûter le fruit de leur travail. Il est temps d’aller le constater Rive Gauche. Nous voici à Margaux au château Lascombes. Dans le parc du domaine, les hôtes proposent un superbe déjeuner sous l’orangerie. Les convives profitent des produits régionaux en dégustant différents millésimes des vins de l’appellation. L’assistance se dirige vers le vaste cuvier du Château, inauguré l’automne passé, pour goûter au millésime 2022. Ici comme ailleurs, on constate avec bonheur une affluence en nette hausse par rapport à l’année passée mais aussi un millésime de grande qualité : « Le mot est passé, il y a du monde et notamment beaucoup d’internationaux venus goûter ce beau millésime. Les vins ont su garder une belle fraicheur et la qualité est homogène » confie la responsable d’une des propriétés. Dans la salle de dégustation, le bruit court même que Margaux serait la révélation de 2022…. Mais les autres appellations médocaines n’ont pas dit leur dernier mot. Rendez-vous demain pour les rencontrer !
Rencontre avec Christy Canterbury, Journaliste pour The New Wine Review et Master of Wine
Quelles sont vos impressions sur le millésime 2022 ?
C’est un millésime coloré. La robe des vins est très foncée presque noire, c’est assez impressionnant. Au-delà de cet aspect, on retrouve une belle fraîcheur mais aussi une belle tension que je n’attendais pas forcément étant donné les conditions météorologiques. C’est une bonne surprise. Quant à l’horizon de dégustation des vins, il est assez variable : certains sont déjà presque prêts à boire alors que d’autres ont une telle concentration, une telle intensité qu’il faudra attendre 10 ans avant d’en profiter. Ils feront de très beaux vins de garde, mais ne soyons pas pressés de les boire.
Quelle est l’ambiance en ce début de Semaine des Primeurs ?
Je viens presque tous les ans pour les Primeurs. Avec le Covid, je n’étais pas venue depuis 4 ans, ça fait quelque chose ! C’est rassurant de retrouver les amis, les journalistes, les producteurs : de retrouver Bordeaux en pleine forme en fait. L’ambiance est souriante, c’est dû au plaisir des retrouvailles, au retour des dégustateurs internationaux mais la bonne qualité du millésime n’y est pas étrangère non plus.
En tant que Master of Wine et journaliste, que représente pour vous la Semaine des Primeurs ?
Les vins de Bordeaux ont été très importants dans mon apprentissage, il fallait connaitre et comprendre l’entièreté du vignoble bordelais pour réussir l’examen Master Of Wine. Selon moi, la Semaine des Primeurs va bien au-delà de la présentation du millésime actuel. C’est l’occasion de rencontrer les producteurs, d’acheter d’anciens millésimes, d’étudier les tendances. C’est un vrai coup de projecteur sur Bordeaux.
Avez-vous eu des coups de cœur dans les vins que vous avez dégusté ?
Saint-Estèphe m’a impressionné, il y avait beaucoup de fraîcheur dans les vins de l’appellation pour un millésime qui est sec et chaud.