Un week-end de Crunch à Bordeaux
Meilleurs ennemis sur le terrain, français et anglais sont en revanche meilleurs amis dans le vignoble bordelais. A l’occasion du Crunch ce week-end à Twickenham, Vintage vous propose un retour sur cette riche histoire et une visite guidée sur les traces d’un héritage franco-britannique à qui les Grands Crus de Bordeaux doivent beaucoup !
Tout commence par un mariage. Le 18 mai 1152, Aliénor d’Aquitaine épouse Henri Plantagenêt, qui devient peu après roi d’Angleterre sous le nom de Henry II. La légende veut alors que les vins d’un grand Château bordelais soient servis pour célébrer l’Union. Après ce mariage, l’Aquitaine devient anglaise pour 3 siècles et le marché anglais s’impose comme la destination privilégiée des vins de Bordeaux. Cette époque correspond au premier âge d’or de ce que l’on appelle alors le claret, outre-Manche. Alors que la popularité des vins de Bordeaux explose, les vignobles s’agrandissent pour satisfaire la demande des clients. Le Roi Jean sans Terre, plus jeune fils d’Aliénor et d’Henry œuvre pour promouvoir l’industrie viticole. Il abolit même la Grande Coutûme et offre aux vins de Bordeaux un avantage compétitif en leur autorisant le libre accès au marché britannique. De quoi faire du Bordelais le “cellier de l’Angleterre au Moyen Âge” ainsi que la première région exportatrice de vin du monde.
L’histoire franco-anglaise des vins de Bordeaux épouse les soubresauts de la grande Histoire. En 1453, John Talbot grand connétable des armées anglaises campe aux portes de Castillon alors que les français s’apprêtent à défier les anglais pour reprendre la Guyenne. Talbot est abattu par des archers bretons au cours de l’ultime bataille de la guerre de Cent ans. Il donnera son nom au Grand Cru Classé de Saint-Julien. La légende dit d’ailleurs que c’est à l’endroit précis où il installa son campement que s’érige aujourd’hui le Château Talbot !
Mais la fin de la Guerre de 100 ans, ne marque pas la fin de l’histoire anglaise des vins de Bordeaux. Loin de là. Dès le XVIIème siècle, ceux-ci sont très recherchés par la high society londonienne et les millésimes bordelais s’arrachent à prix d’or dans les maisons de vente aux enchères de Bristol, Plymouth ou Londres. Plus tard ce seront les négociants britanniques (la plupart du temps irlandais, rendons-leur justice !) qui contribueront à l’essor définitif des Grands Crus de Bordeaux. C’est pour rendre hommage à cette riche histoire que le Roi Charles III a prévu d’effectuer une visite d’état à Bordeaux à la fin du mois de mars. Le souverain est d’ailleurs attendu au Château Smith Haut Lafitte. Mais avant cette visite royale, le XV de France s’apprête à défier le XV de la Rose à Twickenham au cours d’un affrontement toujours mythique du tournoi des 6 Nations, L’occasion idéale pour redécouvrir ce riche passé commun quelques jours avant sa Majesté. Voici le programme concocté par Vintage !
Vendredi :
Pour s’imprégner au mieux de l’histoire franco-anglaise, il faut d’abord faire un tour dans le vignoble bordelais. Commencez donc le vendredi par une dégustation au Château Talbot à Saint Julien Beychevelle, là-même où John Talbot fut vaincu par les français. Ensuite, pourquoi ne pas faire une halte au Château Angludet, en redescendant vers Bordeaux ? Ce Grand Cru Classé de Margaux, est le plus british des Châteaux Bordelais, puisqu’il est la propriété des Sichel, une famille anglaise, depuis 1961.
Samedi :
Jour de crunch ! Débutez la journée par une visite dans le quartier des Chartrons. C’est ici que nombre de négociants, irlandais, écossais, allemands mais aussi anglais s’installèrent au 17ème siècle. Profitant de la proximité du Port de la Lune, ils construisirent des bâtiments avec des caves remarquables pour y stocker les vins avant de les expédier vers leur pays d’origine. Pour en savoir plus sur cette riche histoire, vous pouvez visiter le Musée du Vin et du Négoce. Dirigez-vous ensuite vers les Halles de Bacalan pour une pause déjeuner. Ce marché gourmand regroupe 22 artisans commerçants et chef régionaux. L’occasion de déguster un fish and chips ou du rosbif, pour rentrer dans le match ?
17h45, coup d’envoi. Pour vivre toute l’intensité du crunch, plusieurs solutions : Si vous êtes fan du XV de la Rose, vous pouvez vous immerger dans l’ambiance anglaise en dégustant une pinte de Porter Ale crémeuse dans un pub. Par exemple The Houses of Parliament. En entendant les applaudissements à chaque plaquage de Tom Willis, le plus bordelais des anglais, vous aurez alors un peu l’impression d’être à Twickenham. Si vous êtes fans du XV de France, nous vous conseillons plutôt de savourer un verre de Château d’Angludet 2014, accompagné de chaleureux encouragements ! Place au jeu… les Bleus croquent à pleine dents dans le Crunch !