La bonne question : quelle est l’origine du nom du vin Cheval Blanc ?

C’est un animal mythique. Au fil des siècles et des civilisations, on lui a attribué des dons de clairvoyance, mais aussi le pouvoir de repousser le mal et d’avertir des dangers. Dans plusieurs religions, il porte même les Saints et les sauveurs du monde. Il a pris sur son dos les plus grands héros de l’histoire comme de la fiction.  Dans le seigneur des Anneaux , il est la monture de Gandalf, dans Game Of Thrones, il apparait à un moment crucial devant Arya Stark. Lui, c’est le cheval blanc ! Un animal également légendaire dans le vignoble bordelais. A Saint Emilion, il incarne depuis 1853 l’un des vins rouges les plus exceptionnels et singuliers du monde, le Château Cheval Blanc. Un grand cru dégusté par James Bond dans Jamais plus Jamais. Mais comment diable ce cheval blanc est-il arrivé sur la rive droite ?

L’histoire débute au XVIème siècle. La légende, tenace, veut que le Roi Henri IV monté sur un cheval blanc soit passé à la lisière de Saint Emilion et Pomerol dans ce qui était alors une auberge, qui fut baptisée à la suite du passage royal, l’auberge du Cheval Blanc. Une belle histoire, pourtant fausse comme nombre de légendes !  En effet, il existe un contrat datant de 1546, dans lequel est déjà mentionné le lieu-dit de Cheval-Blanc. Or le roi- par ailleurs amateur des vins de la région- est né en 1553 ! Il est donc impossible que le célèbre cheval blanc d’Henri IV soit à l’origine du nom du lieu-dit. Ce qui est avéré en revanche, c’est que l’on produisait déjà du vin à l’époque « au village appelé du cheval Blanc ».  Selon l’histoire officielle du château Cheval Blanc, à la place de l’actuel domaine se trouvait au 16ème siècle une modeste métairie, dont le propriétaire exploitait déjà la vigne. Il faudra pourtant attendre deux siècles pour que naisse le château Cheval Blanc.

En 1832, Jean-Jacques Ducasse, président du tribunal de première instance de Libourne fait l’acquisition :« d’un domaine appelé Cheval Blanc, commune de Saint-Emilion, faisant partie de son domaine appelé de Figeac, situé même commune ». La légende est en marche. En 1834 Ducasse décide de faire ce qui n’est encore que la pittoresque métairie -aussi connue sous le nom de Barrail des Caillous- un grand domaine. Et il se donne les moyens de ses ambitions. Il fait établir les plans d’un château entouré d’un jardin à la française et décide de s’émanciper de l’appellation Figeac. Vers 1850, le château Cheval Blanc est définitivement né. Son acte fondateur ? L’idée de marier au Merlot, cépage traditionnel du Saint-Émilion et du Pomerol, le Cabernet franc. Audacieux et génial ! La fin du XIXème siècle marquera pour le château le temps des premiers succès. Londres, Paris, Anvers, tous les ports, tous les comptoirs de négoce, s’entichent de ce vin aux saveurs de voyage. La consécration est pour le XXème siècle. En 1954 Cheval Blanc est considéré comme le Premier Grand Cru Classé « A ». Depuis l’étoile du château ne cesse de briller. A l’entrée du magnifique chai dessiné en 2011 par l’architecte Christian De Portzamparc (lauréat du Pritzker Prize en 1994), trône un grand tableau moderne, représentant un ­cheval blanc de profil. Comme pour rappeler que le singulier pur-sang n’a pas fini de galoper sur les terres du lieu-dit qui a donné son nom à l’un des vins rouges les plus exceptionnels du monde.