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6 choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur l’appellation Saint-Estèphe…
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6 choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur l’appellation Saint-Estèphe…

C’est la plus septentrionale de toutes les appellations classées du Médoc. Située à 55 kilomètres au nord de Bordeaux, Saint-Estèphe posée au bord de la Gironde produit chaque année des vins caractéristiques marqués par un terroir unique. Voici 6 choses à savoir sur cette appellation.

Saint-Estèphe ne s’est pas toujours appelé ainsi

A l’époque gallo-romaine, Saint-Estèphe était connu sous le nom de Calones. Un nom qui vient tout droit du calon, une longue barque à fond plat qui avait coutume de voguer sur la Gironde. C’est au Moyen-âge que Calones devient Saint-Estèphe de Calones (sans doute à cause d’une déformation de Saint-Etienne, transformé en Estèphe dans le parler local. Finalement, le seul nom de Saint-Estèphe sera conservé. Ce qui ne signifie pas que le calon ait totalement disparu du paysage ou de la culture stéphanoise ! Intimement lié à l’histoire de la commune, c’est tout naturellement que la famille Ségur, pionnière de l’essor de la viticulture au XVIIIème siècle appose Calon à son nom de famille pour fonder le fameux Château Calon-Ségur !

 

Le terroir de l’appellation est unique

Ce qui distingue le sous-sol de Saint-Estèphe, c’est sa grande variété. Sur les 7 kilomètres de coteaux et de plateaux qui composent l’appellation, les croupes de graves bien drainées se mélangent aux sols d’argiles et de calcaires dont la proportion varie selon l’endroit au sein même de l’appellation. Mais ce qui rend ce terroir formé à l’ère quaternaire, unique, c’est le calcaire marin « de Saint-Estèphe » formé d’échinodermes et autres fossiles marins, et de spécimens de mollusques caractéristiques de la région. Un terroir parfait pour drainer l’eau. Naturellement ce terroir, le plus varié du Médoc, confère au vin une grande variété des nuances et beaucoup de caractère. Comme les vignerons du coin, parait-îl.

 

Les vins de la paix

A l’ouest de la commune de Saint Estèphe, sur un hameau, deux châteaux produisent des vins remarquables : le château de Pez, et le château Ormes de Pez. Le premier est l’un des plus anciens terroirs viticoles de l’appellation Saint-Estèphe. Sa création remonte au XVème siècle, mais c’est au XVIème siècle qu’il acquiert sa notoriété grâce à la famille Pontac. Quant au second, il s’inscrit dans le paysage viticole du Médoc depuis le 18ème siècle et doit son nom à un superbe bosquet d’ormes, hélas disparu aujourd’hui.  Si ces deux châteaux semblent évoluer sous de bons auspices, c’est peut-être que flotte sur le hameau de Pez une atmosphère bienveillante. En effet en patois médocain, pez veut dire paix. Pas étonnant donc que Pez et Ormes de Pez produisent des vins aussi sereins et harmonieux !

Et au milieu coule un ruisseau.

Il est beaucoup de choses compliquées dans la vie. Mais se rendre de Saint-Estèphe à Pauillac n’en fait pas partie. En effet rien de plus simple que de joindre les deux communes !  Pour se retrouver à Pauillac depuis Saint-Estèphe, il suffit d’enjamber un ruisseau, la jalle du Breuil. Celui-ci sépare notamment les vignes de Cos Labory et de Lafite Rotschild, distant d’à peine une centaine de mètres et pourtant situé en Pauillac ! Une fois franchie cette jalle, un autre monde s’ouvre aux yeux du badaud. Le visiteur découvre un relief accidenté, courbé et entreprend une douce montée vers le Cos (la colline de cailloux), berceau de Cos Labory et Cos d’Estournel.

 

Une appellation en plein essor

Saint-Estèphe n’héberge que cinq crus classés en 1855 (Cos d’Estournel, Montrose, Calon-Ségur, Lafon-Rochet et Cos Labory). C’est peu comparé aux autres appellations médocaines, notamment Pauillac et Margaux. Longtemps, Saint-Estèphe fut considéré par certains comme le parent pauvre des appellations médocaines. Est-ce en raison de son éloignement (relatif) avec Bordeaux ? Des archétypes sur la dureté, la virilité et la rusticité de ses vins ? « Saint-Estèphe, c’est la terre oubliée », commentait Thierry Gardinier, ancien propriétaire de Phélan-Ségur à l’Express. Pourtant Saint Estèphe a toujours eu ses inconditionnels. A commencer par d’illustres personnalités du vignoble bordelais. Comme la famille Pontac, créatrice de Haut- Brion qui vient s’installer dans la Seigneurie de Pez au XVIème siècle. Mais aussi, Alexandre de Ségur, président du Parlement de Bordeaux et propriétaire des châteaux Lafite et Latour au XVIIIème siècle, qui signe une belle déclaration d’amour à Calon-Ségur, dont il est devenu propriétaire : « Je fais du vin à Lafite et à Latour, mais mon cœur est à Calon ». Quant à Louis-Gaspard D’Estournel ? Celui qu’on surnommait le Maharadjah était fou amoureux de son terroir et totalement dévoué au château Cos D’Estournel qu’il fonda au XIXème siècle.

En dépit de cet attachement viscéral de personnalités de premier plan (le président Mitterrand  était aussi amoureux des vins de l’appellation), Saint-Estèphe resta longtemps un peu en retrait. Vers la fin des années 80, la situation évolue. L’appellation décide d’entamer sa mue, en faisant la part belle au Merlot et au Cabernet Sauvignon. Depuis Saint-Estèphe a conquis de nouvelles lettres de noblesse tout en conservant ses spécificités et son gros caractère. Un tour de force. Aujourd’hui plus personne ne considère l’appellation comme une terre oubliée !

 

The Irishman

L’histoire du vignoble médocain est intimement lié à l’Irlande. Dillon, Lynch, Kirwan ou Barton sont ici des noms consacrés. Saint-Estèphe n’échappe pas à la règle. Ici l’histoire commence à la fin du XVIIIe siècle, quand, Bernard O’Phelan, jeune irlandais négociant en vins, quitte sa ville de Tipperary et met les voiles pour s’installer à Bordeaux. En Gironde, Phelan, épouse la fille d’un négociant bordelais. Puis il décide d’acquérir des terres et de passer du courtage à la viticulture. Après le Clos Garramey en 1805, c’est le Domaine de Ségur de Cabanac qui tombe sous sa coupe en 1810. Réunis dans la foulée, ils deviendront près d’un siècle plus tard, le château Phélan Ségur ! Un endroit où l’esprit irlandais s’est toujours caractérisé par un certain avant-gardisme. Ainsi, les Phélan n’hésitent pas au milieu du XIXème siècle, à faire fi des traditions et rompre avec les usages architecturaux, pour construire un château centré sur le vin, avec le cuvier et le chai au cœur de l’habitation. Une particularité architecturale exceptionnelle qui est encore aujourd’hui la marque de fabrique du château.

 

Infographie

 

1 236 hectares (8 % du vignoble médocain) de superficie

 

Membres de l’Union des Grands Crus de Bordeaux :

Château Cos Labory, Château Lafon-Rochet, Château Ormes de Pez, Château de Pez, Château Phélan Ségur.

 

Rendement autorisé : 60 hl/ha

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